EXPO-Branly

Chirac, loin de l’oubli, au musée du Quai Branly

Ce matin, la présentation à la presse. Ce soir, l’inauguration en présence de l’actuel Président de la République, François Hollande. Entre les deux, décryptage d’une exposition-portrait consacrée à Jacques Chirac, père du musée doublement célébré en ce jour.

L’écrivain écrit  à contre-courant de Léthé. Ses livres ont pour vocation de passer à la postérité. Ainsi la mémoire se cultive, par l’engrais des mots, des mots que l’on souhaiterait indélébiles et que l’esprit si débile efface pourtant face au pouvoir du temps. “Une exposition n’est pas un livre”, lance Jean-Jacques Aillagon, commissaire de l’exposition “Jacques Chirac ou le dialogue des cultures”, que le musée du Quai Branly dédie aujourd’hui à son fondateur. “Ce n’est pas une exposition telle que la ferait la Bibliothèque nationale”, poursuit la tête pensante de ce projet a priori anti-littéraire.

branly-1L’incarnation du progrès

Le parcours se déroule pourtant comme un ouvrage illustré. Il se divise plus précisément en deux parties, symétriquement décomposées en cinq sous-chapitres. À la section “Jacques Chirac, un homme de son siècle” succède donc “Jacques Chirac, de la passion à l’action”, dont le point d’orgue se veut bien sûr la création du musée du Quai Branly, en 2006. Si Malraux est l’auteur du Musée Imaginaire (dont il est question à mi-chemin), on doit au duo scénographique David Lebretone et Benjamin Tovo des salles imaginaires, où les cartels font office de cimaises. La “lecture” des œuvres ne connaît aucune interruption physique. Entre chaque texte se glissent, à la même fréquence qu’une illustration dans un album, deux ou trois œuvres. Pas besoin de catalogue ! L’exposition, en ce sens, se suffit à elle-même. D’ailleurs chaque paragraphe mural s’accompagne de photos d’archives et/ou de citations. Enfin, tous les commentaires s’avèrent écrits noir sur blanc. Avec ses décors colorés, la BnF n’aurait pas mieux fait !

branly-2En voilà des livres !

Qu’en est-il d’Alberto Giacometti, Martial Raysse, Niki de Saint Phalle, entre autres, au milieu de ces points de rappel historique ? Ils sont là pour illustrer les hauts faits d’un illustre personnage. Quel crime y a-t-il à la littérarité ? Aucun. C’est pourquoi le caractère livresque de l’exposition aurait encore plus de poids, s’il était assumé par ses initiateurs. Avant de travailler aux ministères de l’Éducation nationale et de la Culture, Jean-Jacques Aillagon enseignait l’histoire-géographie. De même que son complice, Guillaume Picon, qui porte aussi le double képi d’éditeur et auteur. De là un découpage rigoureux, qui a le mérite d’être pédagogique. De quoi faire taire les mauvaises langues, tentées de siffler qu’on n’en br… pas une au Quai Branly. Faux ! Le spectateur y lit et ce, plus que de coutume. Dernier volume en date, les aventures d’un héros nommé Jacques Chirac.

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