EXPOS-Auguste

Auguste Super Star

Entrée Clemenceau. C’est par là qu’un autre homme politique reçoit les honneurs du Grand Palais. Deux mille ans que le premier empereur romain est mort. Cela se fête, non ?

 

 

D’après les musées du Louvre et du Capitole, la question ne se pose pas. La mémoire d’Auguste (63 av. J.-C.-14 ap. J.-C.) mérite célébration. D’où l’exposition consacrant actuellement, au Grand Palais, le bimillénaire de sa mort. Une exposition qui doit la clarté de son propos à une scénographie littéralement monumentale.

 

Le culte de l’image

On ne présente plus Auguste, né Caius Octavius, d’une famille romaine relativement modeste. Petit-neveu et héritier de César, lequel l’adopte peu avant sa mort. Allié, puis ennemi juré d’Antoine à qui il déclare la guerre pour avoir divorcé de sa sœur Octavie. Grand vainqueur de la bataille d’Actium, rebaptisé Augustus (d’augustus : consacré, vénérable, en latin) une fois sacré Princeps Senatus (le Premier du Sénat). Un titre qui cache la véritable nature de son régime.

Un régime que l’on qualifierait aujourd’hui de totalitaire – le jeune empereur concentre très vite l’ensemble des pouvoirs, militaire, politique, législatif et religieux -, quoique introduit comme un véritable âge d’or, à l’époque. Entre statues, pièces de monnaie, reliefs, et argenteries figurant son égérie, l’exposition du Grand Palais souligne à quel point le pouvoir romain reposait sur l’imagerie officielle. Ainsi se forge progressivement le culte de la personnalité d’Auguste.

Auguste, Camée 'Blacas', vers 14-20 ap. J.-C., Sardonyx H. 12,8 x l. 9,3 cm, Londres, The Britishe Museum

Auguste, Camée ‘Blacas’, vers 14-20 ap. J.-C., Sardonyx H. 12,8 x l. 9,3 cm, Londres, The Britishe Museum

Une mise en scène « rondement » menée

De même que l’empereur a su se mettre en scène, de même Véronique Dollfus a su magnifier l’espace qui lui a été confié. En optant pour la plus grande sobriété, la scénographe a réussi à reproduire une atmosphère pseudo-antique. Un exploit dans un lieu aussi polyvalent, pour ne pas dire moderne, que le Grand Palais. Un exploit monumental au sens où l’exposition se répartit sur deux étages a priori intimidants, et où le gros des collections présentées, mise à part deux ou trois tableaux, se compose de sculptures et de fragments architecturaux.

Blancs immaculés, les murs s’accordent à la dominante de marbres et de plâtres exposés. Quant à la rigidité du décor, elle accuse la souplesse des corps sculptés. Face à un siège anguleux au point de ressembler à une table basse IKEA, se dresse, par exemple, une Livie (épouse d’Octave) en mouvement, bien que paralysée par la pierre. Comble du raffinement : les titres de cartels en or, une couleur qui, si elle évoque la royauté, rend la lecture de certains textes hasardeuse. En effet, ce qui vaut pour le rez-de-chaussée, ne se vérifie pas systématiquement au premier étage. Les citations murales, elles aussi dorées, s’avèrent parfois difficiles à déchiffrer. Tamisé, l’éclairage accentue les reflets, quoiqu’il convienne au thème abordé sur ce deuxième niveau, « la maison romaine ». En raison de leur moindre taille, les objets d’intérieur en vitrine créent une ambiance si ce n’est plus intime, du reste un tout petit peu plus écrasante.

Or, Auguste ne l’était-il pas lui-même… écrasant ? Rendons à l’empereur, ce qui est à l’empereur, sa place extraordinaire dans le panthéon romain, et par extension, dans l’Histoire.

 

 « Moi, Auguste, empereur de Rome… », du 19 mars au 13 juillet, au Grand Palais (entrée Clemenceau).

 

À VOIR AUSSI : à la librairie, trois statues et un relief à acheter, des copies bien sûr, parmi lesquelles une Tête d’Auguste (3 360 euros) et une Vénus d’Arles (10 400 euros) en plâtre. Si tu ne te rends pas au Capitole, le Capitole se vendra à toi !