SOCIO-Jane Hirt

Meet Jane Hirt

Quelle transparence ! Tel est le sentiment que communique la rédactrice en chef du Chicago Tribune, laquelle a chaleureusement accepté de répondre à quelques unes de nos questions.

 

C’est derrière une paroi vitrifiée, à la vue de tous, que nous reçoit ce pilier du neuvième quotidien le plus vendu d’Amérique. Depuis l’allée principale qu’encadrent des boxes « à l’ancienne » on aperçoit sa généreuse silhouette, de noir et de rose enrobée, se lever en hâte. Même énergie dans la poignée de main engagée par cette tête blonde fendue d’un sourire que l’on croirait indélébile. Bienvenue au Chicago Tribune, la rédaction a priori la plus accueillante du monde !

MEs MOts d’expos : Comment et pourquoi être devenue journaliste?

Jane Hirt : Je suis tombée dedans, par hasard. À l’origine, je voulais être dentiste. Insensible à la biologie, j’ai vite compris que ce n’était pas un métier pour moi. En toute insouciance, j’ai fait ce que ce que l’on fait tous quand on est jeunes : je me suis inscrite aux mêmes cours que ma meilleure amie de fac. Un choix qui m’a plutôt bien réussi.

MME : Votre parcours en quelques mots ?

J. H. : Parcours on ne peut plus classique. Après un stage de fin d’études ici, au Chicago Tribune, j’ai rejoint le journal en tant que secrétaire de rédaction (copy editor) avant de passer chef d’édition (source editor) puis, de rubrique en rubrique, rédactrice en chef. Je suis d’autant plus ravie de cette évolution que j’ai assisté à de nombreux changements au fil des années. Plusieurs rachats, une faillite évitée de justesse…. Mon job, à l’heure actuelle, consiste moins à écrire qu’à encadrer une équipe. Mes qualités de leader ont pris le dessus. Oh ! Et j’ai oublié de mentionner RedEye, l’édition gratuite du Tribune que j’ai aidé à lancer et développer. C’est un peu mon bébé, en ce sens.

MME : À ce propos, qu’en est-il de le presse gratuite aux États-Unis ? De quoi vit-elle ?

J. H. : De la publicité. Nous avons d’ailleurs haussé le coût des espaces ad hoc. De même, le prix de nos abonnements devrait augmenter prochainement. Ce que nous demandions à nos lecteurs « papier » couvrait à peine nos frais de livraison. Pour en revenir à RedEye, il cible essentiellement les Millennials, la génération de 20-32, qui n’ont pas d’enfants et cherchent avant tout à se distraire. 200 000 000 numéros sont mis à leur disposition dans des boîtes rouges, postées aux quatre coins de la ville. Excepté dans le Loop (centre de la ville, NDLR), bien sûr, que le conseil municipal, visant une esthétique « plus européenne », a équipé d’un système différent. Saviez-vous que notre maire adore Paris ?

MME : Que pensez-vous de la presse en ligne ?

J. H. : Oh ! L’avenir appartient au web, c’est certain. Je ne sais pas vous, mais dès que j’ai une minute, je me rue sur mon téléphone ou ma tablette. C’est tout un art de savoir utiliser Facebook, Instagram et Twitter.

MME : Vous tweetez beaucoup ?

J. H. : Cela dépend des jours. Je peux poster une dizaine de messages par jour comme je peux n’en publier aucun, notamment quand je suis débordée. D’après l’un de mes collègues, 1/3 des tweets envoyés devrait être consacré au travail ; 1/3, aux autres, y compris la concurrence ; et 1/3, à la vie privée, sans pour autant sombrer dans le nombrilisme. Je vérifie régulièrement mon compteur d’abonnés. C’est toujours agréable de voir que quelqu’un de nouveau vous suit.

MME : Et votre site ?

J. H. : Au-delà de nos 650 000 numéros diffusés par jour, il est vrai que nous voulons laisser à nos lecteurs le choix du support. Vous tombez à pic : la nouvelle version “web” a été lancée hier, une version « responsive web design » pour mobiles et tablettes. C’est tellement agaçant de devoir zoomer quand le texte ne s’adapte pas automatiquement à la taille de l’écran !

MME : Combien de visiteurs par mois ?

J. H. : 130 000 000 000 environ. Un résultat qui, s’il est satisfaisant, ne nous empêche pas de vouloir nous concentrer sur les réseaux sociaux dont l’audience croît de jour en jour.

MME : Vous ne cherchez pas de correspondant par hasard ?

J. H. : Vous faites bien de me le demander. Même si notre ligne éditoriale tend à se resserrer, je sais que Geoffrey Brown (chef de la rubrique “A&E”, NDLR) n’hésite pas à faire appel à des contributeurs étrangers. Notre groupe Tribune Company (second groupe de presse écrite des États-Unis, NDLR) échange constamment avec le Los Angeles Times, Newsday, le Hartford Courant, l’Orlando Sentinel, Baltimore sun et… Attendez j’en oublie un, il me semble… Ah oui ! Hoy. Mais si j’ai bien compris vous avez rendez-vous avec Geoff à 15h30, c’est ça ?

 

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