EXPO-Mucem

La crème du MuCEM

Au premier étage de l’institution marseillaise, s’opposent deux expositions. L’une est consacrée au photographe Raymond Depardon ; l’autre, s’intitule Food. De quoi se régaler.

 

Depardon en couleurs

 On l’associe d’ordinaire à des images en noir et blanc. Lui-même s’en explique. « Je n’imaginais pas la photographie en couleurs », déclare Depardon comme pour s’excuser. Pardon vite accordé, face à l’arc-en-ciel de clichés déployé. Aux« années déclic », première partie consacrée aux débuts du photographe, succède une section regroupant, sous le titre « Un moment si doux », ses œuvres les plus récentes, dont une série inédite dédiée à la ville de Marseille.

Un moment d’autant plus agréable, pour le spectateur, en présence de l’artiste. Si Hervé Chandès, directeur général de la Fondation Cartier pour l’art contemporain, attire l’attention sur un portrait d’Édith Piaff, des images de Beyrouth ou de Glasgow, entre autres, Depardon finit par prendre le relais. « On ne peut pas venir à Marseille sans prendre de photos ; de même que l’on ne peut s’exposer à Marseille sans y présenter des photos de Marseille». Ça ne pardonne pas, pour le dire grossièrement.

« Raymond Depardon. Un moment si doux », du 29 octobre au 2 mars 2015, au MuCEM, Marseille

 

Manger, ou ne pas manger ?

 L’entrée de l’exposition, ressemble à une allée de supermarché. Pas si surprenant. Intercalés entre des paquets de pâtes, de sucre, ou de café, des écrans diffusent des scènes étranges. Aussi étranges que la vidéo d’une femme dévorant un oignon (cf. affiche), laquelle clôt le parcours. Avant Marseille, “FOOD” a pris racine à Genève, Oberdan, et Sao Paolo. L’étape française rassemble 37 artistes internationaux offrant une réflexion différente sur les enjeux d’alimentation. Le musée doit à cinq d’entre eux d’avoir incorporé une partie de ses collections dans des installations tant insolites qu’inédites.

C’est le cas, entre autres, de Barthélémy Togo et d’Antonio Miralda. Le premier a relié charrues et herses par des câbles pour illustrer l’énergie dépensée dans les champs, mais aussi dans le gaspillage de nourriture. Quant au second, outre une reproduction de tranches de pains décolorées, il a réuni 124 objets, dont 80 sonnettes de tables et des pichets traditionnels, évoquant le caractère domestique d’un repas. Un seul peintre dans l’exposition : l’artiste grec Vassilis Zografos, qui a rejoint l’aventure marseillaise pour souligner un bouleversement social. Dans l’Antiquité, l’abondance de récoltes justifiait la présence de déchets sur les sols de banquets. Aujourd’hui, alors que la Grèce subit une crise économique, les gens ont faim. Les seuls aliments jonchant la terre sont des motifs de mosaïques. « La beauté sauvera le monde » ? Espérons que Dostoïevski ait raison.

Dans cet extrait,  Ymane Fakhir explique son travail.

« Food. Produire – Manger – Consommer », du 29 octobre au 23 février 2015, MuCEM, Marseille

A FAIRE : Monter sur le toit du MuCEM, où Gérald Passédat propose un buffet gastronomique digne de ce nom.

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